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3.4 Crochet de Lie et flot

Le crochet de Lie de champs de vecteurs peut être exprimé à l'aide de leurs flots.

Proposition 3.4.1   Soient $ X,Y\in Vect(M)$ et $ (t,x)\in\Omega\mapsto \varphi_t(x)\in M$ le flot de $ X$. Pour tout $ a\in M$,

$\displaystyle {\frac{d}{dt}{\varphi_{-t*}Y_{\varphi_t(a)}}}=\varphi_{-t*}[X,Y]_{\varphi_t(a)},\forall t\in\Omega_a.
$

Preuve. i)Vérifions d'abord cette égalité en $ t=0$, en coordonnées locales. Pour $ t$ assez proche de 0 et $ x$ assez proche de $ a$, les points $ \varphi_{\pm t}(x)$ sont dans le domaine d'une carte arbitrairement fixée de $ M$ dont le domaine contient $ a$. Notons $ \Phi(t,u)$ l'expression locale de $ \varphi_t(x)$. Celle de $ \varphi_{-t*}Y_{\varphi_t(x)}$ est alors

$\displaystyle \sum_{ij}\frac{\partial\Phi^i}{\partial u^ j}(-t,\Phi(t,u))Y^j(\Phi(t,u))\overrightarrow{e_i},
$

$ \overrightarrow{e_i}$ est le $ i$-ième vecteur de la base canonique de % latex2html id marker 13359
$ {\rm I\!R}^m$. La dérivée par rapport à $ t$ de cette expression comporte trois termes, correspondant aux trois occurrences de $ t$. Pour les calculer, en $ t=0$, on utilisera l'égalité

$\displaystyle {\frac{d}{dt}{\Phi(t,u)}}=X(\Phi(t,u))
$

sans oublier que $ \Phi(0,u)=u$, ce qui entraîne que

$\displaystyle \frac{\partial\Phi^i}{\partial u^ j}(0,u)=\delta_j^i.
$

Le premier terme vaut ainsi

$\displaystyle -\sum_{ij}\frac{\partial X^i}{\partial u^j}Y^j(u)\overrightarrow{e_i}.
$

Le second vaut

$\displaystyle \sum_{ij}({\frac{d}{dt}{\delta_j^i}})Y^j(u)\overrightarrow{e_i}=0.
$

Pour le troisième, on obtient

$\displaystyle \sum_{ijk}\delta_j^i\frac{\partial Y^j}{\partial u^k}X^k(u)\overr...
...row{e_i}=\sum_{ij}\frac{\partial Y^i}{\partial u^j}X^j(u)\overrightarrow{e_i}.
$

La somme de ces trois termes est bien l'expression locale de $ [X,Y](x)$. ii) Passons maintenant au cas général. Compte tenu de la proposition 2.1 et de i), il vient (3.9)

\begin{displaymath}
% latex2html id marker 13387\begin{array}{rcl}
{\frac{d}{d...
...lambda=0}\\  [1ex]
&=&\varphi_{-s*}Y(\varphi_s(a)).
\end{array}\end{displaymath}

$ \qedsymbol$

Exemple 3.4.2   $ [H^*,K^*]=[H,K]^*.$

En effet, tout champ invariant à gauche étant $ \gamma_A$-lié à lui-même pour tout $ A\in G$, on a

% latex2html id marker 13396
$\displaystyle [H^*,K^*]_A=\gamma_{A*}[H^*,K^*]_{\bf 1}.
$

Le flot de $ H^*$ étant donné par $ \varphi_t(A)=Ae^{tH}$, il vient

\begin{displaymath}
% latex2html id marker 13402\begin{array}{ccl}
[H^*,K^*]_{...
...dt}{e^{tH}Ke^{-tH}}}_{\vert t=0}\\  [1ex]
&=&HK-KH.
\end{array}\end{displaymath}

D'où la formule annoncée.

Lemme 3.4.3   Soient $ X,Y\in Vect(M)$ et $ a\in M$. Notons $ \varphi$ le flot de $ X$ et $ \psi$ celui de $ Y$. Il existe un ouvert $ \omega$ de $ M$ contenant $ a$ et $ \epsilon > 0$ tels que, pour tout $ x\in\omega$, les fonctions $ (t,s)\mapsto\varphi_t \circ\psi_s(x)$ et $ (t,s)\mapsto\psi_s\circ\varphi_t(x)$ soient définies dans $ ]-\epsilon,\epsilon[\times ]-\epsilon,\epsilon[$.

Preuve. Notons $ \Omega$ le domaine de définition de $ \varphi$ et $ \Omega'$ celui de $ \psi$. La fonction % latex2html id marker 13444
$ \psi':(t,s,x)\in{\rm I\!R}\times\Omega'\mapsto (s,t,\psi_s(x))\in{\rm I\!R}\times{\rm I\!R}\times M$ est continue et applique $ (0,0,a)$ sur lui-même. L'intersection % latex2html id marker 13448
$ ({\rm I\!R}\times\Omega')\cap\psi'^{-1}({\rm I\!R}\times\Omega)$ est donc un ouvert non vide, contenant $ (0,0,a)$. Il existe donc un ouvert $ \omega$ de $ M$ contenant $ a$ et $ \epsilon > 0$ tels que

% latex2html id marker 13460
$\displaystyle (0,0,a)\in ]-\epsilon,\epsilon[\time...
...s\omega\subset({\rm I\!R}\times\Omega')\cap\psi'^{-1}({\rm I\!R}\times\Omega).
$

Autrement dit, l'ensemble $ ]-\epsilon,\epsilon[\times ]-\epsilon,\epsilon[\times\omega$ est donc contenu dans le domaine de définition de $ (t,s,x)\mapsto\varphi_t \circ\psi_s(x)$. Quitte à restreindre $ \omega$ et à diminuer $ \epsilon$, on peut aussi supposer qu'il l'est dans celui de $ (t,s,x)\mapsto\psi_s\circ\varphi_t(x)$. $ \qedsymbol$

Proposition 3.4.4   Soient $ X,Y\in Vect(M)$. Notons $ \varphi$ le flot de $ X$ et $ \psi$ celui de $ Y$. Si $ [X,Y]=0$, alors pour tout $ a\in M$, il existe un ouvert $ \omega$ de $ M$ contenant $ a$ et $ \epsilon > 0$ tels que, pour tout $ x\in\omega$,

$\displaystyle \varphi_t \circ\psi_s(x)=\psi_s\circ\varphi_t(x)$ (3.5)

quels que soient $ t$ et $ s$ dans $ ]-\epsilon,\epsilon[$ et réciproquement.

Preuve. Nous choisissons $ \omega$ et $ \epsilon$ comme dans le lemme ci-dessus. Supposons que $ [X,Y]=0$. Pour $ x\in\omega$ et $ t$ dans $ ]-\epsilon,\epsilon[$, la dérivée

$\displaystyle {\frac{d}{dt}{\varphi_{-t*}Y_{\varphi_t(x)}}}=\varphi_{-t*}[X,Y]_{\varphi_t(x)}
$

est nulle. Ainsi, $ \varphi_{-t*}Y_{\varphi_t(x)}=Y_x$ et, dans $ \omega$, le champ $ Y$ est $ \varphi_t$-lié à lui-même. Vu la proposition 3.2, l'égalité (11) est alors vraie pour tout $ s$ dans $ ]-\epsilon,\epsilon[$. Inversement, supposons que les flots de $ X$ et $ Y$ commutent comme indiqué dans l'énoncé. En dérivant l'égalité (11) par rapport à $ s$, on obtient

$\displaystyle \varphi_{-t*}Y_{\varphi_t(x)}=Y_x.
$

En prenant la dérivée par rapport à $ t$, on constate ensuite que $ [X,Y](x)=0$. Le point $ a$ étant arbitraire dans $ M$, on en déduit que le crochet de Lie de $ X$ et de $ Y$ est nul. $ \qedsymbol$



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2003-11-02