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Un théorème de ``redressement''

Le fait de pouvoir disposer librement des coordonnées locales que l'on utilise incite à choisir des cartes dans lesquelles le problème étudié est ``le plus simple possible''. Dans cette optique, on est donc amené à chercher dans quelle mesure des objets géométriques ont des expressions locales canoniques. Voici un exemple de cette sorte de résultats.

Proposition 3.4.5   Soient $ a\in M$ et des champs de vecteurs $ X_1,\ldots,X_p$ dont les commutateurs $ [X_i,X_j]$ soient tous nuls. Si les vecteurs tangents $ X_i(a)$ sont linéairement indépendants, alors il existe une carte $ (U,\varphi)$ de $ M$ dont le domaine contient $ a$ et dans laquelle

$\displaystyle X_i\vert _U=\partial_i,\ \forall i\leq p.
$

Preuve. Désignons par $ \varphi^i$ le flot de $ X_i$. En vertu d'une généralisation facile du lemme 4.3, il existe un ouvert $ \omega$ de $ M$ contenant $ a$ et un nombre positif $ \epsilon$ tels que

$\displaystyle \varphi^1_{t^1}\circ\cdots\circ\varphi^p_{t^p}(x)
$

existe pour tous $ t^1,\ldots,t^p\in]-\epsilon,\epsilon[$ et tout $ x\in\omega$. Choisissons une carte $ (U_0,\varphi_0)$ de $ M$ dont le domaine contient $ a$ telle que $ \varphi_0(a)=0$ et

$\displaystyle \varphi_{0*}X_i(a)=\overrightarrow{e_i}, \ \forall i\leq p.
$

On obtient une telle carte à partir d'une carte quelconque composée avec une affinité qui translate l'image de $ a$ en 0 et qui transforme les expressions locales des $ X_i(a)$ en les $ \overrightarrow{e_i}$. Posons

$\displaystyle \Phi(u^1,\ldots,u^m)=\varphi^1_{u^1}\circ\cdots\circ\varphi^p_{u^p}(\varphi_0^{-1}(0,\ldots,0,u^{p+1},\ldots,u^m)).
$

L'application $ \Phi$ est de classe $ C^\infty$ dans un voisinage ouvert de 0 dans % latex2html id marker 13617
$ {\rm I\!R}^m$. Nous allons vérifier que $ \Phi_{*0}$ est non singulier et que

$\displaystyle \Phi_{*u}\overrightarrow{e_i}=X_i(\Phi(u)),\ \forall i\leq p.
$

En vertu du théorème de la fonction inverse, la première propriété montre que $ \varphi_0\circ\Phi$ est un changement de variables au voisinage de 0 et que, par conséquent, en rétrécissant $ U_0$ à un ouvert contenant $ a$ assez petit, on obtient une carte $ (U,\Phi^{-1})$ de $ M$. Elle nécessite seulement que les champs considérés soient indépendants en $ a$. La seconde propriété montre que cette carte répond à la question. Elle utilise le fait que les champs $ X_i$ commutent.

Vérifions ces propriétés. Par définition,

$\displaystyle \Phi_{*u}\overrightarrow{e_i}={\frac{d}{dt}{\Phi(u+t\overrightarrow{e_i})}}\vert _{t=0}
$

Si $ i\leq p$ alors

\begin{displaymath}
% latex2html id marker 13642\begin{array}{rcl}
\Phi_{*u}\o...
...ts,0,u^{p+1},\ldots,u^m)}}\\  [1ex]
&=&X_i(\Phi(u))
\end{array}\end{displaymath}

car les applications $ \varphi^j$ commutent puisque les crochets $ [X_j,X_k]$ sont nuls deux à deux. En particulier, $ \Phi_{*0}\overrightarrow{e_i}=\partial_i(a)$.

Si $ i>p$, alors

$\displaystyle \Phi_{*0}\overrightarrow{e_i}={\frac{d}{dt}{\varphi_0^{-1}(t\overrightarrow{e_i})}}\vert _{t=0}=\partial_i(a)
$

car $ \varphi_0^i$ est l'identité dans $ \omega$. Donc $ \Phi_{*0}$ transforme la base des $ \overrightarrow{e_i}$ de % latex2html id marker 13662
$ {\rm I\!R}^m$ en la base des $ \partial_i(a)$ de $ T_aM$. Il est donc non singulier. $ \qedsymbol$

Exemple 3.4.6   Les coordonnées polaires.

Considérons, dans % latex2html id marker 13669
$ {\rm I\!R}^2$, les champs

$\displaystyle X=x\partial_x+y\partial_y
$

et

$\displaystyle Y=y\partial_x-x\partial_y.
$

Une courbe intégrale $ (x(s),y(s))$ de $ Y$ est solution des équations différentielles

\begin{displaymath}
% latex2html id marker 13679\left\{
\begin{array}{rcl}
\dot{x}&=&y\\
\dot{y}&=&-x
\end{array}\right.
\end{displaymath}

On a donc

$\displaystyle \ddot{x}+x=0
$

si bien que la courbe intégrale maximale de $ Y$ passant par $ (a,b)$ en $ s=0$ est donnée par $ x=a\cos s+b\sin s$ et $ y=b\cos s-a\sin s$, ou encore

\begin{displaymath}
% latex2html id marker 13693\psi_s((a,b))
=
\left(
\begin{...
...ay}\right)
\left(
\begin{array}{c}
a\\
b
\end{array}\right).
\end{displaymath}

Semblablement, on vérifie que le flot de $ X$ est

$\displaystyle \varphi_t((a,b))=e^t(a,b).
$

Il est clair que les applications $ \varphi$ et $ \psi$ commutent. On peut vérifier directement que $ [X,Y]=0$ avec la formule (8). La composée de ces flots en $ (a,b)=(1,0)$ est l'application

$\displaystyle (t,s)\mapsto (e^t\cos s,e^t\sin s).
$

En posant $ r=e^t$, on retrouve les coordonnées polaires de % latex2html id marker 13711
$ {\rm I\!R}^2$. On notera que $ X$ et $ Y$ sont linéairement indépendants en tout point $ (a,b)\neq (0,0)$.

Exemple 3.4.7   Les champs fondamentaux associés à des matrices qui commutent.

Si $ [H,K]=0$ alors les champs $ H^*$ et $ K^*$ commutent. Leurs flots le font donc aussi. Ainsi,

$\displaystyle HK=KH \Longrightarrow e^He^K=e^Ke^H.
$

Il va sans dire que les exponentielles de matrices qui ne commutent pas ne commutent généralement pas non plus.


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2003-11-02