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5.2.1 Groupes et exponentielle

Rappelons que pour tout % latex2html id marker 18700
$ H\in gl(p,{\rm I\!R})$, l'équation différentielle ordinaire

% latex2html id marker 18702
$\displaystyle \frac{dX}{dt} = XH, \ X(0)={\bf 1},$ (5.1)

admet une seule solution % latex2html id marker 18704
$ t\in{\rm I\!R}\mapsto X(t)\in gl(p,{\rm I\!R})$. Elle est notée $ e^{tH}$(5.3). La matrice $ e^H$, parfois désignée par % latex2html id marker 18718
$ \exp(H)$, s'appelle l'exponentielle de la matrice $ H$.

Proposition 26   Le groupe $ G$ contient l'exponentielle de tous ses vecteurs tangents en % latex2html id marker 18725
$ {\bf 1}$: si $ H\in{\mathcal G}$ alors $ e^H\in G$.

La démonstration est simple dans son idée. Elle est un peu délicate techniquement. En voici le scénario. On fixe $ H\in{\mathcal G}$. Dans un premier temps, on montre que si $ \epsilon > 0$ est assez petit, alors $ e^{tH}\in G$ lorsque $ \vert t\vert<\epsilon$. Pour cela, on choisit un paramétrage $ (U,\varphi)$ de $ G$ au voisinage de % latex2html id marker 18743
$ {\bf 1}$ et on construit une solution de (7) sous la forme $ \varphi(u(t))$, où $ t\mapsto u(t)$ est une courbe de $ U$ définie au voisinage de 0 et passant par % latex2html id marker 18752
$ u_0=\varphi^{-1}({\bf 1})$ en $ t=0$. A cause de l'unicité des solutions d'une équation différentielle, il faut bien que $ \varphi(u(t))=e^{tH}$ dans ce voisinage. On obtient $ u$ comme solution d'une équation différentielle qui est en quelque sorte l'équivalent de (7) aux niveau du paramétrage. Dans un second temps, on utilise la propriété suivante

$\displaystyle e^{tH}e^{sH}=e^{(t+s)H}
$

de l'exponentielle pour montrer que $ e^H\in G$(5.4).


a)Il existe $ \epsilon > 0$ tel que $ e^{tH}\in G$ lorsque $ \vert t\vert<\epsilon$.

Choisissons donc un paramétrage $ (U,\varphi)$ d'un voisinage de % latex2html id marker 18776
$ {\bf 1}$ dans $ G$ et posons % latex2html id marker 18780
$ u_0=\varphi^{-1}({\bf 1})$.

Notons $ m$ l'expression de la multiplication dans ce paramétrage:

$\displaystyle m(u,v)=\varphi^{-1}(\varphi(u)\varphi(v)).
$

Cette fonction est définie pour $ u$ et $ v$ dans un voisinage $ U'$ de $ u_0$ choisi pour que le produit $ \varphi(u)\varphi(v)$ appartienne à la partie de $ G$ décrite par le paramétrage, $ \varphi(U)$. La fonction $ m$ est d'ailleurs de classe $ C^{\infty}$. En effet, on peut supposer que $ \varphi$ est de classe $ C^{\infty}$(5.5) et, de plus, supposer que c'est un paramétrage par des coordonnées (cela simplifie les choses mais la propriété est vraie pour tout paramétrage). Il est alors évident que $ \varphi^{-1}$ est de classe $ C^{\infty}$ et donc que $ m$ l'est aussi puisque la multiplication des matrices l'est également: $ \varphi^{-1}(\varphi(u)\varphi(v))$ consiste à prendre certaines des composantes de $ \varphi(u)\varphi(v)$.

Pour illustrer ce que représente $ m$ sur un exemple, considérons le paramétrage

\begin{displaymath}
% latex2html id marker 18826(u,v)\mapsto
\left (
\begin{ar...
...y}\right ),\ (u,v)\in U=\{(x,y)\in{\rm I\!R}^2\vert x\neq 0\},
\end{displaymath}

de % latex2html id marker 18828
$ Aff(1,{\rm I\!R})$. Les paramètres de % latex2html id marker 18830
$ {\bf 1}$ sont $ (1,0)$ et la fonction $ m$ est

$\displaystyle ((u,v),(u',v'))\mapsto (uu',uv'+v).
$

Notons $ g_u$ l'application $ v\mapsto m(u,v)$ et posons $ h=\varphi^{-1}_{*u_0}H$(5.6). L'équation différentielle

$\displaystyle {\frac{d{u}}{dt}}=(g_u)_{*u_0}h, \ u(0)=u_0,
$

admet une solution $ t\mapsto u(t)\in U'$ définie dans un intervalle $ ]-\epsilon,\epsilon[$, où elle est par ailleurs unique. Son image $ \varphi(u)$ par le paramétrage est une solution de (7). En effet,
$\displaystyle {\frac{d{\varphi(u)}}{dt}}$ $\displaystyle =$ $\displaystyle \varphi_{*u}{\frac{d{u}}{dt}}$  
  $\displaystyle =$ $\displaystyle \varphi_{*u}(g_u)_{*u_0}\varphi^{-1}_{*u_0}H.(\footnotemark )$   5.7

Considérons une courbe $ s\mapsto v(s)$ de $ U$ passant par $ u_0$ et tangente à $ h$ en $ s=s_0$, par exemple $ s_0=0$ et $ v(s)=u_0+sh$. La courbe $ s\mapsto
\varphi(v(s))$ tracée sur $ G$ passe par % latex2html id marker 18897
$ {\bf 1}$ et est tangente à $ H$ en $ s=s_0$. Par conséquent,
$\displaystyle \varphi_{*u}(g_u)_{*u_0}\varphi^{-1}_{*u_0}H$ $\displaystyle =$ $\displaystyle \varphi_{*u}(g_u)_{*u_0}h$  
  $\displaystyle =$ $\displaystyle (\varphi\circ g_u)_{*u_0}{\frac{d{v(s)}}{ds}}\vert _{s=s_0}$  
  $\displaystyle =$ $\displaystyle {\frac{d{\varphi\circ g_u\circ v}}{ds}}\vert _{s=s_0}$  
  $\displaystyle =$ $\displaystyle \varphi(u)H$  

car $ (\varphi\circ g_u\circ v)(s)=\varphi(u)\varphi(v(s))$. Comme % latex2html id marker 18924
$ \varphi(u(0))={\bf 1}$, $ \varphi(u)$ est bien solution de (7). Par conséquent, % latex2html id marker 18928
$ \varphi(u(t))=\exp(tH)$ pour $ t$ assez petit.

Dans le cas du groupe % latex2html id marker 18932
$ Aff(1,{\rm I\!R})$, on vérifie que si

\begin{displaymath}
% latex2html id marker 18934H=
\left(
\begin{array}{cc}
a&b\\
0&0
\end{array}\right)
\end{displaymath}

alors $ h=(a,b)$ et que

\begin{displaymath}
% latex2html id marker 18938(g_{(u,v)})_{*(1,0)}=
\left(
\begin{array}{cc}
u&0\\
0&u
\end{array}\right).
\end{displaymath}

L'équation différentielle obtenue s'écrit donc, dans ce cas, sous la forme du système

\begin{displaymath}
% latex2html id marker 18940\left\{
\begin{array}{c}
{\fra...
...,\ u(0)=1\\
{\frac{d{v}}{dt}}=bu,\ v(0)=0
\end{array}\right.
\end{displaymath}

Sa solution est immédiate. Nous obtenons

\begin{displaymath}
% latex2html id marker 18942\exp t
\left(
\begin{array}{cc...
...y}{cc}
e^{ta}&\frac{b}{a}(e^{ta}-1)\\
0&1
\end{array}\right)
\end{displaymath}

si $ a\neq 0$ et

\begin{displaymath}
% latex2html id marker 18946\exp t
\left(
\begin{array}{cc...
...t)
=
\left(
\begin{array}{cc}
1&bt\\
0&1
\end{array}\right).
\end{displaymath}


b)Conclusion de la démonstration.

On peut choisir un entier positif $ n$ pour que $ 1/n\in]\epsilon,-\epsilon[$. Pour un tel $ n$, $ e^{\frac{1}{n}H}\in
G$. Nous pouvons donc décomposer

$\displaystyle e^H=\underbrace{e^{\frac{1}{n}H}\cdots \ e^{\frac{1}{n}H}}_n
$

en un produit d'éléments de $ G$, ce qui montre qu'il en est un lui aussi.$ \qedsymbol$

Dans certains cas particuliers, la connaissance explicite de $ {\mathcal G}$ permet de vérifier directement que les exponentielles $ e^H,\ H\in
{\mathcal G}$, appartiennent à $ G$, en utilisant le comportement de % latex2html id marker 18966
$ \exp$ vis-à-vis des opérations matricielles. Par exemple la formule

% latex2html id marker 18968
$\displaystyle \det(e^H)=e^{{\rm tr}H}
$

montre que l'exponentielle d'une matrice de trace nulle est une matrice de déterminant $ 1$, etc.


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