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Dérivations d'une algèbre

Voici quelques rappels préalables relatifs à cette notion. Considérons une algèbre $ {\mathcal A}$ réelle, c'est-à-dire un espace vectoriel sur % latex2html id marker 12566
$ {\rm I\!R}$ muni d'une application bilinéaire $ (a,b)\in {\mathcal A}\times{\mathcal A}\mapsto ab\in {\mathcal A}$, la multiplication de $ {\mathcal A}$.

Une dérivation de $ {\mathcal A}$ est une application linéaire $ D:{\mathcal A}\to{\mathcal A}$ telle que

$\displaystyle D(ab)=D(a)b+aD(b),\forall a,b\in {\mathcal A}.
$

Il est clair que la somme $ D+D':a\mapsto D(a)+D'(a)$ de dérivations de $ {\mathcal A}$ est une dérivation de $ {\mathcal A}$, de même que le produit $ rD:a\mapsto rD(a)$ d'une dérivation par un scalaire $ r$. L'ensemble $ der {\mathcal A}$ des dérivations de $ {\mathcal A}$ est donc un espace vectoriel. De plus, un calcul immédiat montre que le commutateur $ [D,D']=D\circ D'-D'\circ D$ de dérivations est aussi une dérivation. Il est clair que $ [\ ,\ ]:{\mathcal A}\times{\mathcal A}\to{\mathcal A}$ est antisymétrique. On voit facilement qu'il vérifie l'identité de Jacobi

$\displaystyle [D,[D',D'']]+[D',[D'',D]]+[D'',[D,D']]=0, \forall D,D',D''\in der{\mathcal A}.
$

Muni de cette application, $ der {\mathcal A}$ est donc une algèbre de Lie.

Théorème 3.1.2   L'application qui associe à $ X\in Vect(M)$ la dérivation

$\displaystyle D_X:f \mapsto X.f: x\mapsto X(x).f
$

de % latex2html id marker 12630
$ C^\infty(M,{\rm I\!R})$ est une bijection linéaire de $ Vect(M)$ sur % latex2html id marker 12634
$ der\ C^\infty(M,{\rm I\!R})$.

Preuve. La démonstration n'est pas difficile mais un peu longue, à cause des petits détails qu'il faut vérifier. Voici les étapes: - vérifier que $ D_X$ est une dérivation, - vérifier que $ X\to D_X$ est injectif, - vérifier qu'il est surjectif.

i)Pour chaque $ X$, $ D_X$ est une dérivation. La fonction $ X.f$ est de classe $ C^\infty$ car, dans toute carte $ (U,\varphi)$ de $ M$, on a, d'après (4),

$\displaystyle (X.f)(x)=\sum_i X^i(\varphi(x))\partial_i(f\circ\varphi^{-1})(\varphi(x)), \forall x\in U.
$

Ainsi, $ D_X$ est bien une application de % latex2html id marker 12659
$ C^\infty(M,{\rm I\!R})$ dans lui-même. Il est clair qu'elle est linéaire. De plus, pour tout $ x\in M$,

\begin{displaymath}
% latex2html id marker 12663\begin{array}{rcl}
D_X(fg)(x)&...
...x).f)g(x)+f(x)(X(x).g)\\
&=&(D_X(f)g+fD_X(g))(x).
\end{array}\end{displaymath}

C'est donc bien une dérivation.

ii)L'application $ X\mapsto D_X$ est injective. Si $ D_X=D_Y$, alors $ X.f=Y.f$ pour tout $ f$. Dès lors, étant donné $ a\in M$, $ X_a.f=Y_a.f$ pour tout $ f$. Les $ a$-dérivations $ X_a$ et $ Y_a$ sont ainsi égales pour tout $ a\in M$. Donc $ X=Y$.

iii)L'application $ X\mapsto D_X$ est surjective. Soit une dérivation $ D$ de % latex2html id marker 12693
$ C^\infty(M,{\rm I\!R})$. Pour chaque $ x\in M$, on obtient un vecteur tangent $ X(x)\in T_xM$ en posant

% latex2html id marker 12699
$\displaystyle X(x).f=D(f)(x), \forall f\in C^\infty(M,{\rm I\!R}).
$

En effet,

\begin{displaymath}
% latex2html id marker 12701\begin{array}{rcl}
X(x).(fg)=D...
...)g(x)+f(x)D(g)(x)\\
&=&(X(x).f)g(x)+f(x)(X(x).g).
\end{array}\end{displaymath}

On obtient donc une application $ X:M\to TM$ telle que $ \pi_M\circ X=id_M$. Il faut encore vérifier qu'elle est de classe $ C^\infty$ pour conclure. Ceci peut se faire en prenant des fonctions $ f^i$ qui coïncident avec $ x\mapsto x^i$ au voisinage d'un point arbitraire $ a$ de $ M$: dans ce voisinage, la composante $ X^i$ de $ X$ vaut $ D(f^i)$. elle est donc bien indéfiniment continûment dérivable. $ \qedsymbol$


Le théorème précédent nous donne l'essentiel des propriétés de $ Vect(M)$: c'est une algèbre de Lie, dont le crochet de Lie est défini par le commutateur d'applications linéaires. Voici résumées les principales opérations ainsi définies sur $ Vect(M)$.



Les composantes de $ [X,Y]$ dans une carte s'expriment au moyen de celles de $ X$ et de $ Y$ par la formule

$\displaystyle [X,Y]^i=\sum_j(X^j\partial_jY^i-Y^j\partial_jX^i).$ (3.2)

Voici comment on peut par exemple vérifier cette égalité:

\begin{displaymath}
% latex2html id marker 12741\begin{array}{rcl}
[X,Y]^i&=&[...
...  [1ex]
&=&\sum_j(X^j\partial Y^i-Y^j\partial X^i),
\end{array}\end{displaymath}

vu (4).

En utilisant par exemple l'expression locale de $ [X,Y]$, on voit immédiatement que

Proposition 3.1.3   Quels que soient $ X,Y\in Vect(M)$ et % latex2html id marker 12748
$ f\in C^\infty(M,{\rm I\!R})$,

$\displaystyle [X,fY]=f[X,Y]+(X.f)Y.
$

Nous verifierons plus loin que pour les champs invariants à gauche d'un groupe,

$\displaystyle [H^*,K^*]=[H,K]^*,
$

$ [H,K]=HK-KH$ est le commutateur des matrices $ H$ et $ K$.


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2003-11-02